Nous garantissons une filière courte, durable et transparente, basée sur des prix stables, avec une rémunération des producteurs bien plus élevée que dans la filière fairtrade. Ci-dessous nous présentons notre position sur les enjeux de la filière cacao:
Non à la déforestation des pays producteurs
La préservation des forêts tropicales des pays producteurs est un enjeu majeur de la filière cacao. Poussées par le pauvreté, certaines populations vivant aux abords de ces forêts tirent un revenu de l’exploitation illégale des ressources forestières. Plus de 30% de la production de cacao de Côte d’Ivoire est produite illégalement en plein cœur de parcs nationaux et de réserves naturelles protégées. Les industriels admettent ne pas pouvoir montrer une traçabilité exacte de leurs approvisionnements. Cela signifie qu’il ne savent pas identifier les fermes d’où proviennent le cacao qu’ils achètent. Et donc ils ne savent pas dans quelles conditions il est produit.
Le couvert forestier de la Côte d’Ivoire s’est réduit de 80% depuis les années ‘80. Avec cela, c’est toute la biodiversité des écosystèmes qui est menacée. La déforestation illégale des parcs nationaux, menace l’habitat des chimpanzés, éléphants, pangolins, léopards, hippopotames nains, écureuils volants, etc.
Ces forêts tropicales sont volontairement incendiées pour laisser place à la culture du cacao. Des changements climatiques au niveau local se font déjà ressentir et jouent sur le niveau des récoltes et in fine sur les revenus des producteurs.
Dans le rapport de Mighty Earth publié cette semaine sur notre page facebook, certains grands noms de la chocolaterie belge sont pointés du doigt. L’étude a démontré que ces sociétés (Barry Callebaut, Godiva, Neuhaus, Guylian, Leonidas) se fournissent en cacao illégalement produit dans ces réserves naturelles protégées.
La culture du cacao non durable est insupportable. A quand un cacao carboneutre ?
Travail des enfants et exploitation des producteurs
En 2001, l’industrie du chocolat (Hershey’s, Mars, Nestlé, etc ) s’était engagée à éradiquer le travail des enfants à l’horizon 2005. Près de 20 ans plus tard, plus de 2 millions d’enfants travaillent dans les plantations de cacao en Côte d’Ivoire, au Ghana et ailleurs en Afrique de l’Ouest. Ces enfants ne sont pas ou peu scolarisés. Ils font un travail pas ou peu rémunéré et dangereux, portent des charges lourdes, manipulent des outils et des pesticides dangereux pour leur santé.
Ces industriels n’ont jamais été punis pour cela, ils n’ont jamais subi une seule conséquence.
Ces industries s’étaient pourtant engagées à créer un label de certification pour les consommateurs, garantissant que le cacao était produit sans travail des enfants , en plus d’un système de vérification indépendant ainsi que de fournir des statistiques complètes sur le travail des enfants et le trafic d’enfant esclaves venu du Burkina Faso.
Incapable de réaliser ses engagements, l’industrie se retourne de plus en plus sur les organismes de certification pour régler le problème. Ils se sont limités à acheter une partie de leur cacao certifié par des organismes tiers tels que Fairtrade, Utz et Rainforest Alliance ; organismes qui ne visitent même pas un dixième des fermes.
Mais même les certificateurs reconnaissent eux-mêmes que leurs labels ne peut pas à apporter 100% de garantie vis-à-vis du travail des enfants. Les audits sont annoncés à l’avance, le producteur demande aux enfants de quitter la plantation et quand il est interrogé ce dernier nie l’existence ce cette réalité chez lui.
Les certifications sont plutôt vues maintenant comme un des outils qui peuvent participer à réduire la pauvreté qui est la cause majeure du travail des enfants. L’implication des gouvernements locaux est nécessaire.
Certains industriels ont mis en place des projets pilote mais ne font pas le pas de de les élargir à l’ensemble de leurs approvisionnements.
Les prix du cacao sont trop bas
Le prix du cacao est structurellement trop bas. Une étude de True Price a montré que le revenu journalier d’un producteur de cacao en Côte d’Ivoire est de 0,78$ soit environ 0,70€.
Pour pallier aux faibles revenus des producteurs l’industrie propose principalement trois pistes :
- Diversifier les sources de revenus des producteurs grâce à des cultures vivrières.
- Augmenter les rendements par producteur, grâce à des meilleures pratiques agricoles via la formation.
- Soutenir des projets d’intérêt communautaire (école, hôpitaux, etc)
A aucun moment l’industrie ne parle d’augmenter purement et simplement le prix du cacao. Pourtant c’est la solution la plus évidente à nos yeux.
Car augmenter les rendements, revient à augmenter l’offre. Or dans une économie de marché où les prix sont régulés par la loi de l’offre et de la demande, ça ne fera, à terme, que faire se détériorer le prix du cacao.
Les producteurs ont toujours été dans une position de « price taker » ; ce sont les acheteurs qui déterminent le prix. Pourtant ce sont les producteurs qui prennent le plus de risques. Ils dépendent entre autres des conditions climatiques qu’ils ne contrôlent pas.
Nos chocolatiers partenaires, au contraire, négocient les prix avec les producteurs ou coopératives. Ils paient un prix qui dépend de la qualité de la récolte et des conditions de production de l’endroit. Les prix ne sont pas dictés par un marché arbitraire. Et ça va plus loin encore, bien souvent nos chocolateries partenaires préfinancent les récoltes (sans prélever d’intérêt). Elles s’engagent dans des relations de long terme avec les producteurs. Cette perspective à long terme est cruciale pour que les producteurs puissent planifier des investissements et délivrer un produit de qualité. Elle permet de vivre sereinement.
Dans la chaine d’approvisionnement de Bean-to-Bar, les producteurs sont payés en moyenne 4.000$/tonne.
Les certifications, ce n’est pas suffisant et ce n’est pas fiable.
La prime fairtrade que reçoivent les coopératives certifiées est de $200/tonne (+8% par rapport au cours du marché). Cette prime, liée au prix du marché, n’assure pas une vraie protection contre les fluctuations du cours du cacao et ne permet pas aux producteurs de gagner un revenu suffisant pour maintenir leur activité et mettre de côté.
En 2017, le cours du cacao a chuté de 40% du fait d’une bonne récolte et de la spéculation. Le prix garanti payé au producteur ivoirien a chuté de près de 40% avec des conséquences désastreuses à l’échelle individuelle.
Parallèlement à cela, l’industrie a épargné $4,7 milliards en coûts d’approvisionnement pour ses achats de fèves. Mais où est allé tout cet argent ? Les consommateurs n’ont pas vu de baisse de prix en magasin.
Cela donne un goût amer au chocolat… Les chocolateries partenaires de Bean-to-Bar garantissent une répartition équitable des revenus entre les différents acteurs de la filière.
Notre filière d’approvisionnement est ultra-courte. Nous avons éliminé tous les intermédiaires pour un maximum de transparence et de traçabilité. En fait, les revenus vont à ces qui créent vraiment de la valeur ajoutée : les producteurs et les chocolatiers. De plus une fois par an nous allons visiter une de nos chocolateries partenaire.
Voici la liste de nos cacaotrips :
2015 : Vietnam
2017 : Colombie
2018 : Pérou
2019 : Vietnam et Equateur
Non à la standardisation du goût !
Il y a plus d’un siècle, grâce à la proximité du port d’Anvers, la Belgique comptait une multitude de chocolateries artisanales. C’est encore par là que transitent aujourd’hui des tonnes de cacao pour l’industrie de la transformation. Avec le processus de concentration industrielle, le nombre de chocolateries s’est réduit pour laisser place à deux géants : Barry Callebaut et Belcolade. A eux deux, ils fournissent l’immense majorité du « chocolat de couverture », la matière première des chocolatiers-confiseurs. Cette industrialisation a entrainé d’une part les dérives dénoncées plus haut (déforestation, travail des enfants, etc) mais aussi une uniformisation du goût et une standardisation des recettes.
Face à cela, Pierre Marcolini a fait figure de pionnier en Belgique et à l’étranger. Il a été le premier à retourner aux sources du cacao pour produire sa propre matière première. Par sa démarche, il a inspiré une nouvelle génération de chocolatiers-torréfacteurs. Ces derniers se sont affranchis de l’hégémonie de l’industrie chocolatière belge et de ses tarifs ultra-compétitifs.
Il faut une sacrée dose de courage et de détermination pour lancer sur le marché des chocolats au prix 5 fois supérieur à celui de l’industrie, pour monter une ligne de production en petits lots – c’est un défi pour trouver des machines de petite taille, pour s’approvisionner parfois en direct chez les producteurs et passer toutes les embûches liées à l’importation, pour être à la fois à la production et à la commercialisation. Tout ça demande aussi un travail énorme de sensibilisation du public. Ils font les choses différemment en cassant les codes de la chocolaterie traditionnelle.
Bref tous ces chocolatiers qui ont opté pour cette démarche authentique sont nos super-héros. C’est grâce à eux que nous pouvons dire non à la standardisation du goût et redécouvrir la riche palette aromatique des chocolats. Nous sommes reconnaissants de leur travail, nous les admirons.
Sauvegarde des variétés natives et renforcement des communautés indigènes et rurales
L’Équateur, pays qui était le 1erexportateur mondial au début du 20esiècle (maintenant le 7ederrière les pays africains, l’Indonésie et le Brésil) présente un grand contraste au niveau des modes de culture du cacao. On y trouve d’un côté des petites productions de la variété locale « nacional arriba » cultivée en agroforesterie (système d’ombrage naturellement fourni par d’autres essences). Un cacao très recherché pour son profil aromatique fruité et floral. De l’autre côté, des plantations de plusieurs centaines d’hectares en monoculture intensive avec système d’irrigation. Ces dernières sont plantées en CCN51, un hybride hyper productif développé dans les années 70. Cette variété de laboratoire offre une productivité 3 à 4 fois plus élevée et risque à terme de remplacer totalement les variétés natives. Par ailleurs elle exerce une pression sur les ressources locales (sols, eau) et induit une baisse de la biodiversité. Le chocolat qui en résulte est amer et astringent, sans aucune nuance aromatique.
Si nous ne faisons rien, dans quelques dizaines d’année nous auront totalement perdu ce patrimoine génétique, cette richesse aromatique. C’est pourquoi nous voulons renforcer les communautés indigènes et rurales qui sont les héritières de la culture de ces cacaos fins. Ces fermiers et ces communautés qui vivent en harmonie avec la nature ont su préserver ces variétés jusqu’à aujourd’hui. Mais si nous menaçons leur habitat, si nous menaçons les ressources naturelles dont ils dépendent, nous menaçons tout leur équilibre et in fine leur survie.
Nous sommes reconnaissants de leur travail et nous sommes convaincus qu’en travaillant directement avec des chocolatiers qui les soutiennent, nous pourrons à la fois renforcer ces communautés et préserver ce patrimoine.
Aussi, nous sommes fiers d’être membre de la Belgian Fair Trade Federation qui rassemble les entreprises belges du commerce équitable.
Pour en savoir plus sur les différents enjeux développés plus haut, nous vous conseillons vivement la lecture de ces articles:
https://www.voicenetwork.eu/cocoa-barometer/
http://www.slavefreechocolate.org/harkin-engel-protocol
https://cocoainitiative.org/knowledge-centre-post/the-true-price-of-cocoa-from-cote-divoire/
https://theshift.be/uploads/media/5c20c319a713d/Beyond%20Chocolate%20FR.pdf?production-36f0f2b
https://www.idhsustainabletrade.com/initiative/cocoa-and-forests/
http://www.mightyearth.org/wp-content/uploads/2017/09/chocolates_dark_secret_english_web.pdf
http://www.mightyearth.org/wp-content/uploads/Chocolate-Report_english_FOR-WEB.pdf